Christian Dufourquet,
La Quinzaine Littéraire
Cher José
Dans ce livre servi par un porte-parole offensif et farouche, L'EXPÉRIENCE BLOCKHAUS trouve son accomplissement,
elle aboutit à un sujet collectif qui en excellence émerge dans la pensée – la pesée – du mal-être et du néant.
Le montage est fructueux : il présente un vivier lancinant d´où extraire les cellules souches de nos agonies.
Un challenge à toutes les pages, l'effarement est déclaré : gageure des abysses, boutures des ténèbres,
refondation chaotique. Nous sommes confrontés à une telle surenchère de procédures uniques et hagardes
que le lecteur perd pied dans un tournis de normalités destituées,
mais l'Incréé est sauf, il échappe définitivement aux règles ordinaires du discours.
Une récapitulation mémorable, donc... Un vade-mecum pour mes dernières volontés poétiques.
Salut et fraternité
Guy BENOIT, le 23 février 2012
Sous une couverture aussi sombre que leur poésie, ils sont cinq à incarner, à travers une sélection de leurs
textes, ce qui fut l'expérience de la revue et des éditions Blockhaus, (1988-2003), co-fondées par José Galdo
et Jean-Pierre Espil. Cinq poètes qui portent la guerre en eux, ont horreur des limites et des nivellements
de l'âme. Des inquiéteurs nés, des enflammeurs, des poètes du rejet dont les voix s'élèvent comme des torches
dans la nuit d'un enfer desséché. Une polyphonie rebelle où l'on entend Francis Guibert se demander « où y a-t-il
erreur dans l'errance » , et J.-P. Espil – avec ses chiens cramés d'éternel, son être-Foudre et sa « Saignerie du
Castré » – s'en prendre à cette « putain d'enflure de soi-disant Vie, giclée autonommée, putain d'enculé
jusqu'au néant de la bouche d'ombre où se déchire l'anneau blanc de l'âme » , comme l'atteste son dernier livre,
Le Recrachement des doublures (Au fond du Grenier, 2010). de
merdier de pourrissoir, longue ta langue aux lècheries des nerfs » . Didier Manyach, lui, part en quête de « la source
derrière les lèvres / dans l'oraison des cendres » , tandis que Lucien-Huno Bader se sent « la risée des ombres » ,
« boule de souffrance ramassée » , et que José Galdo, figure de proue et maître d'uvre de l'aventure collective
que fut Blockhaus, ne cesse de creuser le trou noir qui s'étoile dans la cavité de la vie, tout en suçant « le vide
Une sélection de textes qui relève de ce qu'Antonin Artaud, en parlant de ses propres uvres, qualifiait de
« raclures de l'âme que l'homme normal n'accueille pas » . Et, de fait, entre suffocation et angoisse, c'est
l'expérience de la dépossession, l'acharnement enragé à échapper aux spires du pire, qui ne cessent de se
faire entendre dans cette Expérience Blockhaus, où rares sont les éclaircies, exceptés « certains craquements
atmosphériques / dans les hauteurs du ciel / Une fraîcheur du cosmos, une saveur : une jeune / femme
poursuivie / par les chiens de l'énigme» (D. Manyach). Des poèmes qui rendent à la poésie son pouvoir
d'ébranlement, sa force d'irruption, et que ponctuent les collages de Françoise Duvivier, des « compositions
paniquées » dit Nicolas Rozier, des images entre supplication et supplice qui entrent parfaitement en consonance
avec l'esthétique écorchée du Blockhaus.
Richard BLIN, Le Matricule des Anges n°131, mars 2012
DIA + Jacmo
EXPÉRIENCE BLOCKHAUS (L'Arachnoïde)
C'est une anthologie, avec plusieurs auteurs, qui revient sur l'histoire de deux revues qui n'en font qu'une en fait :
Bunker puis Blockhaus, depuis les années soixante-dix jusqu'à aujourd'hui. On voit bien déjà la parenté dans les deux
termes. J'ai suivi cette aventure en continu à travers le filtre de son chef de file, José Galdo, que j'ai publié
plusieurs fois, - encore récemment dans le n°143 -, édité en Polder (n°86), souvent accompagné de son alter ego
Jean-Pierre Espil. José a encore illustré la couverture du n°58 de la revue, de ses célèbres crânes calcinés
aux orbites béantes (que j'ai eu un mal fou sur mon offset à imprimer en deux couleurs, j'ai un souvenir de
feuilles kraft maculées comme jamais !). Enfin, ayant aussi une activité sonore intense, il m'a remplacé à la
radio dans les années 81-82. Ensuite Didier Manyach a fait l'objet de plusieurs Choix de Décharge. Enfin Françoise Duvivier,
l'illustratrice de ce livre, qui propose des collages (sortes de radioscopies cadavériques), elle fait partie aussi
du tout début de la revue, elle est en couverture des Décharges n°13, 16, 22, 37 et 68 (cette dernière en stamp art,
elle m'avait sculpté un tampon dans une gomme !) sans compter celles de Polders (tels celui d'Armand Olivennes)...
Deux autres auteurs complètent la bande Blockhaus : Lucien-Huno Bader et Francis Guibert. J'ai fait pas mal de
critiques de recueils de José Galdo, entre autres, et j'avais toujours l'impression de rentrer dans une écriture
spéciale, un monde à part, de plonger physiquement dans un univers difficile et prenant. Il y a en effet une vraie
fascination devant cette langue crépusculaire. Galdo, en particulier, c'est un flux, un torrent, une chute d'encre noire,
on est emporté dès le second vers, irrémédiablement. Très peu de couleurs, très peu d'images, la nuit porte ses propres
lueurs d'ombre, rien n'a de prise, on est happé infiniment vers un gouffre sans fond, comme aspiré dans une spéléologie
organique ; seul le corps dépecé, débité en viscères semble habité par la souffrance d'exulter dans tant d'horreurs et
de supplices exposés. Pour donner encore plus de relief à cet effondrement continu, José Galdo aime travailler les sons :
sape du cep au cran crabe et croix... ou bien le bloc cloque d'un floc... Sonorités qui redoublent et craquent, et crispent,
jusqu'à singer l'anagramme : " derrière la cendre d'encre du miroir noir des signes ". En plein dans le néant reconstitué
à coups d'injonctions assassines, surgit un mot inattendu, imprévisible : transfixion, susurration, bardo... Nul ne peut
échapper à ses imprécations mortifères où la chair devient charpie ou charnier et ce carmin épaissi où se cyanose la langue...
Ses compagnons sont au diapason, bien entendu, sous des registres à peine différents, souvent dans des textes plus ramassés,
à part Jean-Pierre Espil, début et fin d'une page : J'ai enduit ma raison de viscères d'insecte… où folles sont les lunes
empennées d'ossements. Et cette vocifération : l'énorme surgelé du monde au castré d'origine... Lucien-Huno Bader,
que je connais peu, qui balise bien le périmètre d'imaginaire : l'horreur d'un paradis aseptisé / la hantise d'un enfer
sans musique… Il stigmatise l'être ainsi : tu n'es qu'un trou fondu au vide... Cette diversité d'écriture avec celles
de Francis Guibert et Didier Manyach montre bien la richesse de ce courant post Antonin Artaud, qu'on pourrait caractériser
comme pulsions vers l'obscur. Trente ans que cette expression existe, d'une façon souterraine évidemment, ce livre tend
à lui restituer la lumière qu'elle mérite et à le placer enfin comme expérience importante dans l'histoire
de la poésie actuelle.
Jacques MORIN, revue DÉCHARGE N°155
Itinéraire de Délestage n°385 : le livre noir de l'interminable naufrage
En 2009, les éditions de L'arachnoïde marquaient d'emblée leur territoire par la réédition de Narcose,
de Marie-Françoise Prager, poète portée au pinacle à l'égal d'Yves Martin par Guy Chambelland,
mais qui depuis la mort de l'éditeur, paraissait être définitivement passée du côté des fantômes.
Le plus récent ouvrage de ces éditions, - qui ne se cantonnent certes pas aux célébrations rétrospectives
(leur catalogue inscrit, aux côtés des livres de l'animateur, le poète Christian Dufourquet, des ouvrages
de Matthieu Messagier aussi bien que de Mathieu Bénézet ou d'Alain Hobé) – s'applique à rendre justice à
la poignée d'irréductibles qui, de 1988 à 2004, ont uvré dans l'extrême marginalité sous les appellations
successives, aussi significativement farouches, de Blockhaus - revue et éditions -, Bunker-press ou du bulletin Tanker.
Expérience Blockhaus, en dépit de son titre, n'en propose pourtant pas le récit, ce qu'on peut regretter, mais remet
en circulation, en une haute concentration de 96 pages, des textes dispersés, devenus introuvables s'ils furent jamais
à portée de main, réunis en une manière d'anthologie, - un ossuaire pour mieux dire, destiné à recueillir les reliques
de cinq (puis six, au final) de ces desperados : aux deux fondateurs, José Galdo, « figure de proue et maître d'uvre» ,
et Jean-Pierre Espil, qui pilotèrent l'expérience, sont joints Didier Manyach, et, moins attendus, Lucien-Huno Bader
et Francis Guibert, tandis que Françoise Duvivier, par l'apport de ses collages d'une morbidité sans recours, enlève
ce qui pouvait rester d'illusion et d'espérance au lecteur égaré dans cet enfer.
Distillant chacun à tour de rôle le poison d'un poème, les cinq voix se succèdent, s'entremêlent, confluent en une
seule voix : voix de révolte, tumultueuse et grandiloquente, oraculaire, d'un lyrisme dépressif entre le néant et
l'anéantissement (J.G). Ce Blockhaus bâti hors du temps, selon la juste définition de Nicolas Rozier qui le préface
avec ferveur, permet de réévaluer cette aventure collective, répulsive dans le même temps qu'elle fascine par ses
partis-pris apocalyptiques et convulsifs, où le langage s'exténue à nommer l'innommable, jusqu'à la suffocation en
des croassements d'allitérations ou un débordement de métaphores.
Exilés volontaires à l'agonie dans l'avant-poste où ils ont choisi de s'enfermer, d'une intransigeante belliqueuse,
les cinq apôtres de ce très noir évangile ont partagé la même lucidité panique, de celle qui laisse entrevoir la
condition humaine comme une furieuse danse macabre au-dessus de l'abîme et mène au bord de la folie. Leurs paroles,
paroxysmiques dès l'attaque du poème, semblent proférées à la dernière extrémité, prémonition de
l'expirant ou ultime
message testamentaires : c'est la mort qui parle / qui respire par ma bouche, écrit L. H. Bader. Et sans plus de merci,
Francis Guibert : Vous êtes morts depuis toujours.
S'ils paraissent aujourd'hui sans descendance, on peut en désigner les figures tutélaires auxquelles leurs revues en leur
temps rendirent hommage, d'Edgar Poe à Artaud, référence insurpassable auquel il faut pourtant se confronter.
Par l'écart entretenus avec les courants dominants de la poésie française de la fin du Xxème siècle, écart où s'affirment
une morale et une esthétique, les poètes de cette Expérience Blockhaus occupent la place qui fut jadis celle de ces romantiques
qualifiés de frénétiques, chantres de la négativité, érotiques de la mort dont ils tirent terreur et jouissance.
Repères : Le titre de cette chronique s'inspire d'un vers de Didier Manyach : Naufrage interminable au faîte de la
géométrie parfaite de la mort. Expérience Blockhaus – L'Arachnoïde éd. – 5 bd des Châtaigniers – 30120
– Le Vigan. 15.
Récemment reçu : José Galdo & Nicolas Rozier : Le recrachement des doublures . Au fond du Grenier – 3 rue du 11 novembre
– 54270 – Essey-lès-Nancy éd. 56 pages – 13. Lire également l'I.D précédent n°384 : «
L'expulsé du soleil noir soulève
son cur »
Claude VERCEY, Itinéraire de Délestage n°384-385
Claude Vercey et Jacques Morin interrogent José Galdo
Regrouper les poètes retranchés de la société
-Décharge :
Cinq poètes pour rendre compte de l'Expérience Blockhaus, n'est-ce pas un peu réducteur ?
Surtout quand
à la fin du livre on découvre sur deux pages les noms de tous les contributeurs (à divers titres, j'imagine bien).
Qui au final est responsable du choix des textes et des auteurs ?:
-José Galdo :
Six participants du noyau dur : Lucien Huno Bader, Francis Guibert, Didier Manyach, Jean-Pierre Espil,
Françoise Duvivier et moi-même auxquels il faut ajouter le préfacier Nicolas Rozier suffisent à la manifestation
de l'esprit de l'EXPÉRIENCE BLOCKHAUS… la réduction matérielle d'un livre de 96 pages n'est qu'une apparence…
J'avais donné carte blanche pour le choix des auteurs et des textes à Olivier Cabière, Muriel et Chritian Dufourquet
et à Nicolas Rozier…
-Décharge :
éclaire-nous un peu davantage sur le choix des appellations successives :
Blockhaus, Bunker, Tanker. Par deux fois te
présentant dans Décharge à 13 ans d'intervalle, Jean-Pierre Espil attire l'attention sur l
'importance de la lettre ka ;
et toi-même as écrit (dans ton polder) un Mastaba du ka. Comment expliques-tu ce tropisme vers le ka ?
-José Galdo :
Bunker est né en 1978 dans un climat social particulièrement tendu et plombé : pratique admise par tous de la torture par
privation sensorielle en Allemagne de l'Ouest, suicide collectif des membres fondateurs de la R.A.F., effondrement de l'idée
de révolution…L'appellation « bunker » signifie, dans ce contexte, un espace défensif et armé…
placé sous le signe du refus
de l'espèce humaine et dont l'objectif était de regrouper tous les poètes retranchés de la société et
qui s'étaient engagés
de tout leur être révoltés vers le Réel absolu (4)… C'est ainsi qu'assez rapidement se constituera le noyau
dur de Blockhaus
– de « bloc » : poutre et de « haus » : maison –…Quant à « Tanker » , réservoir
de matière noire, c'était un supplément
gratuit calibré à 8 pages en A4 sur du 64 gr qui permettait le tarif d'une lettre de 20 gr… et donc, des envois massifs…
Le « ka » est un double qui sonne… c'est l'âme dans la vie et la mort à même l'éternité…
il est représenté dans l'égypte
pharaonique par un corps ailé, origine de l'ange, qui deviendra sirène pourvue d'un terrible chant dans le monde antique
de la Méditerranée… Après de très longues ruminations et manipulations, j'ai fini par liquider cette figure en la remplaçant
par le signe « doublure » …qui depuis prolifère dans ma conscience…
(4) On remarque cependant une "revue-laboratoire" Bunker aux éditions Au fond du Grenier,qui ont publié par ailleurs
Le recrachement des doublures, poèmes de José Galdo, dessins de Nicolas Rozier : Bunker/Au fond du grenier est indépendant...
nous avions juste au départ de leur revue donné, à Jérôme Kostrzewa son animateur, l'autorisation de reprendre “Bunker”
comme titre (José Galdo)
-Décharge :
à te lire depuis des années, comme à lire les publications que tu as initiées, on a l'impression que tout est en place
depuis le début. Cette constance provient-elle d'une vue trop rapide des choses? As-tu ressenti, quant à toi,
des évolutions : dans la politique éditoriale ? sur le plan collectif ? dans ta propre écriture ?
-José Galdo :
Oui, dès le commencement – et même avant – tout était en place, en fait dès la première
lecture-révélation de la
lettre d'Arthur Rimbaud adressée à Paul Demény dite LA LETTRE DU VOYANT… l'évolution, elle se fait à coups de gouffres,
c'est-à-dire verticalement… Car depuis la nuit des temps, l'être est face à l'univers du dedans et du dehors et
il a la même énigme du sens à résoudre… pour le reste comme le dit Jean-Pierre Espil : « Aucune évolution significative :
les kapos conservent leurs prérogatives et font crever les maudits… » .
-Décharge :
Quand on lit la préface de Nicolas Rozier, on peut comprendre que la dispersion des forces vives qui animaient
Blockhaus a été la raison de l'arrêt des publications. Confirmes-tu ? Sinon, pourquoi arrêter ?
-José Galdo :
La dispersion géographique est aussi une constante depuis le début car Blockhaus est un réseau de retranchés :
Francis Guibert dans le 1.3, Didier Manyach dans le 6.6, Françoise Duvivier dans le 2.7, Jean-Pierre Espil dans
le 4.0, Lucien Huno Bader dans le 6.8 et moi-même dans le 7.5… et etc pour les autres… L'arrêt est venu de l'épuisement
des forces physiques et nerveuses, la fatigue de la matière et la treizième qui a commencé, dans nos rangs,
son uvre d'emportements des corps…
-Décharge :
Le blog Blockhaus éditions s'ouvre sur ce crucifié tournant dans l'espace. Il semblerait pourtant que
votre démarche appelle davantage à l'avènement d'un antéchrist ...
-José Galdo :
Ni dieu, ni maître… juste l'avènement de l'archaïque lumière de la naissance des mondes…
La croix d'ouverture du site des Editions Blockhaus est une croix déchirée à même un de mes crânes d'encre,
une sorte d'extraction mentale… dont le tournoiement EST le symbole du SOLEIL NOIR… là où nous allons…
Claude VERCEY et Jacques MORIN, revue DéCHARGE N°155
Préfacée par Nicolas Rozier, la précieuse anthologie Expérience Blockhaus (L'arachnoïde, 96 pages, 15)
est enfin parue. Les textes sombres et survoltés de José Galdo, Jean-Pierre Espil, Francis guibert,
Lucien-Huno Bader et Didier Manyach retracent l'aventure essentielle des anciennes revues Bunker,
fondée en 1977 par José Galdo, et Blockhaus. J'ai moi-même mis en uvre les trois derniers numéros de Bunker,
dont celui consacré à l'astrologue et métaphysicien visionnaire Jean Carteret. J'ai eu ainsi l'honneur
et le plaisir de publier des textes rares de Robert Amadou, Théo Lesoualc'h, Michel Camus, Claude Pélieu,
Hubert Haddad, Luc-Olivier d'Algange ou encore Angéline Neveu, qui vient hélas de nous quitter.
Quand Bunker s'arrêta en 1983 ce fut alors José Galdo qui reprit le flambeau en publiant trois remarquables
numéros de Blockhaus. Plusieurs recueils de poésie virent le jour entre temps sous l'égide des éditions Bunker.
Le présent recueil aborde la face la plus intense et convulsive de ces deux revues trop tôt disparues.
Les incantations chamaniques de Jean-Pierre Espil excellent à prospecter le corps de foudre et de ténèbres
des puissances noires et telluriques. « De la terre à la lumière, il y a tout le sang d'un charnier de boue
transmuté en vitesse de foudre » . Ces électriques injonctions portent le sceau d'un désespoir qui hante l'esprit des métaphores.
Comme le précise José Galdo, « ce bruissement des morts derrière la cendre d'encre du miroir noir des signes »
répond comme en écho à la « lumineuse ténèbre de la nuit originelle où la conscience se retrouve soleil »
selon le barde Francis Guibert. « La salamandre doute, empilée, animal marin dissout dans les salines
à rouille » affirme encore Jean-Pierre Espil. « Il y a une mort dans la mort comme il y a des yeux qui
s'habituent à la nuit » précise enfin Didier Manyach, nyctalope assoiffé par les bras du néant,
familier des légendes tsiganes et des figures du Grand Jeu : René Daumal, Josef Simà, Roger Gilbert-Lecomte...
Parfum ténu de nostalgie, jeunes gens en quête de l'absolu, solitude assouvie par les feux du silence,
à chaque époque voit se lever une armée d'ombres et de cyclopes, messagers d'un réel chaotique et solaire,
étoiles filantes lucifériennes pulvérisant les impostures des lois mondaines et littéraires.
L'enfer alors vomit les tièdes. Les déchirantes illustrations de Françoise Duvivier affirment ainsi la
déchéance d'un monde ignoble et dérisoire. Plus d'un quart de siècle après ces légitimes invectives,
ces furies orchestrées par le gouffre des nerfs, l'écho voilé de cette parole résonne encore dans la
conscience de qui veut bien y aller voir. Qu'on le veuille ou non, toute véritable poésie est un fait
d'armes métaphysique qui engage l'être et le non-être dans un combat de chaque instant contre les forces
d'inertie, d'intolérable résignation. Un voyage dans le temps au service du réel mobilise la révolte
des veilleurs immobiles. Un même fil conducteur, sous des formes différentes, relie la rage et la conscience
de ces écrits incandescents qui anticipent La Salamandre et le mystère des voies gothiques.
Marc-Louis QUESTIN, Les Chroniques de la Salamandre, La Salamandre, hiver 2012, n°16
“Expérience Blockhaus” - Une aventure collective dans le sillage des grands brûlés du verbe
Il y eut, dans la deuxième moitié du XXe siècle, loin des chapelles littéraires et des positions d'avant-garde,
un "béton noir décapité de sa butte", selon les mots de Nicolas Rozier. C'était une aventure qui se poursuivait
sans laisser de traces dans les agendas de la poésie identifiée. Une sorte de brasier émettant
de la fumée noire et qui rappelait par ses signaux les grands brûlés du verbe : Antonin Artaud en toute
première ligne. Autour de José Galdo, ces partisans de la dislocation menaient un autre combat que celui
du texte pour le texte. Ils ne désossaient pas artistiquement la langue. Ils montraient l'os des détresses
dans un monde où l'organisation des apparences avait triomphé de toutes les questions de fond.
Il s'agissait de reprendre le fil à partir de Nerval, de William Blake, de Nathaniel Hawthorne en déroulant
le pas grave des mots dans le refus du jeu, sans programme ni manifeste. Pas de plan combiné qui aurait fait
école. Pas de cérémonial susceptible d'élever une statue dans l'histoire de la littérature. Ce collectif
d'étoiles filantes est aujourd'hui fixé dans le marbre d'Expérience Blockhaus et c'est une brassée de flèches
hors du temps, hors des modes,
hors la pose.
Il était une fois la poésie selon Bunker, selon Blockhaus, deux éclats, un même groupe éclaté. Quelque chose
d'aussi vaste que NEON (N'être Rien, être Tout, Ouvrir l'être Néant), revue surréaliste où s'imprime le nom
de Stanislas Rodanski comme un court-circuit. Activistes spectreux, Lucien-Huno Bader, Jean-Pierre Espil,
José Galdo, Francis Guibert et Didier Manyach arpentaient les années 1970 en se souvenant du Grand Jeu et
de ses dialogues avec l'être. Ils ne plaisantaient pas. Ils n'étaient adeptes ni de la dérision ni de
l'électrique attitude. Toujours ailleurs et de cette façon plus difficile à repérer, ces solitaires allaient
à la recherche de l'essentiel en trempant leurs mots dans des feux allumés par Jean-Pierre Duprey,
Jacques Prevel ou encore Bernard Réquichot. Ce livre est là pour témoigner d'une bataille poétique
éminemment dangereuse car ses enjeux, toujours actuels, sont de répondre à l'attaque des paillettes
par "la lutte vers le fond".
Guy Darol
Le Salon Littéraire
Lucien-Huno Bader, Jean-Pierre Espil, José Galdo, Francis Guibert, Didier Manyach, préface de Nicolas Rozier,
collages de Françoise Duvivier, Expérience Blockhaus, éditions L'arachnoïde (www.arachno.org), mai 2012, 95 p., 15
-EXPÉRIENCE BLOCKAUS
Les Gueules noires [1] de la poésie ou le Verbe à contre-jour…..
(Eloge critique des assaillants de l'ombre) par : Sylvie Besson in Recours au Poème
« Au milieu des chapelles littéraires entretuées se dresse un blockhaus. Et c'est un rude exemple que voilà.
A la fois tombeau du galérien, béton noir d'avant-poste décapité de sa butte, bunker spectral d'une faction
debout dans le mortier éventré de sa place à tenir ; dernier asile d'éclat tendu aux regards cuits,
ce blockhaus-là a la gueule à feu d'une meurtrière invincible » [2]
Écrivains bouillonnants de rage et de fièvre, les poètes de Blockhaus sont à eux cinq une gamme
de lyrismes singuliers, une partition de voix soulignant la force d'un engagement subjectif,
ils ne s'appesantissent pas sur ce qui est de l'ordre de l'intime ou du questionnement,
seule leur langue « collective » stimule des sensibilités volcaniques, leurs poèmes ne s'articulant
qu'en impulsions, impétuosités, rafales et coups de boutoir. Cette écriture à plusieurs mains est désireuse
de tout dire, écumant en son mouvement la conviction de ne connaître aucune douceur à naître ici-bas.
En revanche, ni larmoiement, ni jeu de miroirs, ni jérémiade ne viennent affadir la noirceur collective
à l'uvre, bien au contraire, dans Expérience Blockhaus, le lecteur descend dans l'Enténébré,
au cur d'une poésie qui mâche, broie, régurgite sa substance sans jamais parvenir à s'en satisfaire ;
dès lors sous la plume vorace, insatiable, horrifique de la Bête à cinq doigts [3], les mots ne se
recroquevillent pas sur eux-mêmes mais s'amplifient en inscrivant le Néant au centre de tout, tendant
ainsi vers la seule lumière possible, celle du deuil. Cependant il n'est pas d'élégie blafarde, pas de
chant maladif, pas de tristesse narcissique dans cet ouvrage, la puissance seule d'une douleur cendrée
de désastres et de biles donne raison à ce recueil de floraisons noires, à cette bouche d'ombre ou à
ce cri profane qui étreint l'Obscur avec une effroyable acuité, empoignant en d'incandescentes humeurs
noires les faiblesses du monde : Dans le noir l'homme devient la vigilance même, un centre de perception
tous azimuts, et son cur devient le cur du silence. Il sait alors que lui aussi marche dans la nuit
et qu'il est cette nuit souveraine arpentant son royaume. [4]
Dès l'abord, l'univers familier de la Nuit, ce tutoiement peuplé d'ombres, se nimbe de colère,
entre engueulades et empoignades ; en effet, les poètes de Blockhaus ne désirent que la lumière
crépusculaire d'un chant âpre, lucide, tumultueux, un chant, dont la pesée du mot, la liberté
altière de l'expression, donne tout son tranchant aux lieux visités et naufragés. On assiste
alors à un déferlement, une vague de terre qui engloutit toute référence, nostalgie et conformisme
tant ces poètes de l'Extrême ouvrent des espaces de grandeur, de clameur à la fureur poétique
souvent triviale car légitime, regardant en toute conscience leur propre sang couler, réinjectant
dans leurs phrases vibrantes, veineuses, vénéneuses quelques vins brûlants pour survivre :
Putain d'enflure de soi-disant Vie, giclée auto-nommée (…) longue, ta langue aux lècheries de nerfs [5].
C'est pourquoi, leurs voix ne cessent d'être en lutte contre une réalité insignifiante,
contre la matière et contre tout ensommeillement, leur langue s'écrie ainsi par poussées
ou par chutes, en lignes brisées, en saccades, en des rythmes vertigineux, présentant l'endroit
du monde comme en raison inverse de son désir. Il est vrai que leur propos consiste à rendre
visible creux et bosses de nos existences, puis comme à bout de nerfs, ouvrir la béance ou la
vacuité de notre condition, rendre compte de ce réel au cur duquel l'humanité suffoque dans
les traquenards de l'aube : Echos TELESCOPES dans la ville électrisée/ pas se ravalant avalant
d'autres pas//(…) balbutiements langages fous/onomatopées répercutées/sur des bouches bâillonnées/dans
l'ombre inalphabète/ GRISAILLE HURLANTE. [6] En retrouvant aussi, par hasard, les éléments
de la vie au travers de la grisaille des villes, Blockhaus ravive, séance tenante, des images
saisissantes, fulgurantes et violentes sur un vide effroyable, celles-ci ne sont en rien la
traduction d'un trouble, elles sont ce trouble qui s'impose comme l'expression la plus forte,
la plus directe d'une société pourrie jusqu'à la moelle. Ainsi, pour ces proscrits volontaires,
l'excès devient une dimension verticale de l'écriture et de la pensée, si on ne crie pas les mots
de l'effroi, on reste prisonnier des choses sans pouvoir s'en dégager, seule cette parole poétique,
révoltée, inespérée se déprend de l'illusion d'une appartenance à ce relent apocalyptique incapable
d'un quelconque réveil : Mais la terre est loin, la terre veut la mort du cerveau. Ou lui intime
un sommeil profond, loqueteux…(…) De la pourriture à l'excavation la devise est : va, et saille
tous les trous [7] ou lit-on encore « je ne veux pas dormir » , puis le rêve éveillé / le désert
du monde, mon cur pas à moi qui libère / il n'y a pas de folie comme rempart / l'errance est
totale sous le grincement du jour. [8] Chaque mot ne commence, de ce fait, que sur le bord qui
l'efface afin que l'air vicié lâche prise et que l'Obscurité reprenne ses droits. Les bris d'ombre
poétiques vacillent dans une mémoire universelle qui pourrait bien être l'autre nom de la souffrance,
d'ailleurs, pour respirer, en quête d'Oxygène , il faut accepter de quitter le mode artificiel
des humains, il faut devenir ces hommes-minéraux, abandonnés à dessein dans un paysage lourd et
bas, il faut faire bloc afin d'entendre des nouvelles du ventre de la terre aussi profond que
l'immensité de la mort et donner l'impression de n'avoir jamais commencé d'être parmi nous :
ce vertige d'un corps lancé dans la saoulerie des / matières et qui s'écroule dans l'abîme de
son / origine… [9].
« Il est (donc) malaisé, mais ô combien revigorant (…) de s'approcher de ce cratère sans nom et
de découvrir une poésie dont l'essentiel est de saigner les inventions suppliciées de l'abîme.(…).
Jamais un groupe d'individus aussi dispersés dans l'espace et ne communiquant que par quelques
lettres échangées (…) n'aura tenté avec une force de percussion équivalente, de faire face
collectivement à ce qui ne peut être perçu que comme l'air du temps » [10], ce contre-temps clandestin,
dont parle avec brio Christian Dufourquet, émerge inlassablement au milieu des mots révulsés,
là où s'impose une Peau d'ombre comme une véritable expérience de dépossession d'un corps,
lequel prend également racine dans la chair bafouée, enragée, naufragée, une chair infernale,
érotique de la mort, une chair d'ossements et de reliques, des chairs, in fine, plus somptueusement
désespérées les unes que les autres. Tout le livre est de la sorte une sublime syncope à laquelle
on reste harponné parce que les poètes de l'Expérience élargissent leur déversoir jusqu'à la nausée,
que notre il reste accroché à ce trou noir et à cet univers démiurgique d'ironies abîmées :
c'est l'éternel gargouillis /Au fond de la gorge un bruit de faux- [11] ; parce qu'ils forcent le jeu,
parce qu'il savent ce qu'il font, que le pardon n'est pas souhaité, qu'il est, de surcroit,
possible de regarder leur corps partir en morceaux sans le moindre épanchement, et même jusqu'au point
d'étranglement, on reste partagé entre rire jaune et effroi face à cette langue toute de cris et
d'exigences qui n'a de cesse de marteler la distance nécessaire. Alors même que la vision apparaît
comme outrancière, dans ces corps « sur-exposés » , Blockhaus parvient à nous fait voir, au travers
de ces tissus désincarnés, le Terrible qui est le seul commencement du vrai : VIDES les régions
du cur / dans la pâleur immaculée /(…) /une sorte de tournis / Le cumul des vertiges / sur des
faces en haleine/ où le souffle bat.[12] On étouffe désormais avec eux dans les bornes de sa chair,
on se retrouve à l'étroit dans notre être, enterré vivant dans un monde glacé de conventions et
d'absurdités. Quand Dieu paraît s'absenter, qu'une société informe, servile vous demande de faire
silence, il convient en un geste tellurique de se raccrocher à quelque chose, même au cur du Rien,
sans doute à cet amas de chair et d'os qui constitue l'homme malgré lui. Les humeurs de ce corps,
ces secrétions variées, ce trop-plein de laideur ne demandent plus qu'à s'évacuer, la parole devient
en ce sens bruit organique, spasme et raclement qui aboutissent au cri ultime de la Poésie :
IL Y A UNE MORT DANS LA MORT : COMME IL Y A DES YEUX QUI S'HABITUENT / A LA NUIT… [13] .
Par, avec et en ce corps pesant et inexistant à la fois, les cinq poètes se projettent au centre
de leurs préoccupations qui renvoient à la négation apparente d'une humanité, l'univers des images,
des collages de Françoise Duvivier s'inscrit donc comme un corps « preuve-épreuve » , restituant
les gestes venus se tordre en grimaçant sur l'écran du poème. Cependant, les proliférations viscérales
et « ogresques » des chairs désertées, des corps suppliciés finissent, malgré la puanteur des
caveaux où sont déjà alités les squelettes de cette terre, par nous faire sentir l'odeur d'une
possible chair fraîche : Carne que je déchire / Chair noire et bleue / bois mort du mental. /
La Merveilleuse, celle qui trancha l'ombilic avec ses talons: / chercher un visage dans les rues
insoupçonnées. / Voile polaire / dont la luminosité irradie les êtres.[14] C'est également dans
ces mêmes chairs que sont gravées humiliations et désespérances : en compressant les corps, on
voit jaillir les méfaits de la société et l'image omniprésente de notre mort. Ces histoires de
corps, fussent-elles macabres, apparaissent à la fois, discrètement, comme des signes de vie,
un mystère incarné, décharné et, essentiellement, comme une obsession à dire combien l'homme est
dépassé par son existence, ce qui entraîne angoisse, ennui, délire et folie. [15] Voilà pourquoi
le corps n'en finit pas de mal fonctionner, il est enracinement dans la contingence, engluement
dans la matière qui a toujours le dernier mot et ruine les aspirations de l'esprit.
En somme, l'Humain erre dans un univers effrayant traversé de forces brutes, il y a du tragique
à ne pas être « un /son » corps, mais des traits autour d'un trou noir concentrique de douleur,
un tragique où chacun se retrouve muré dans un rôle sans auteur, et dont la seule expression reste
celle de pulsions, puis des colères. Dénonçant « le serf-arbitre » de l'homme, Blockhaus rejoint
le visage d'une folie annoncée de la mort, au moins celui de la folie foudroyante de l'effondrement
du monde. Et même si l'on perçoit un accord minimal, « tant que je résiste je vis » , même si la
révolte se soutient tout au long de poèmes, même si on peut entendre un écho superbe à la haine,
une faible espérance dans ce corps qui plie, qui ne cherche ni le bonheur ni ne le fuit,
les poètes-rebelles attendent l'ouragan comme si la paix était en lui [16]. Alors ils écrivent,
acharnés et véhéments, pour faire face au Néant, en appellent ensuite à la mort, creusent,
fouillent, remontent toujours à la surface ce qui vit sous l'angoisse des choses, sous le
flot des apparences, sous l'ingratitude du réel, un réel qu'ils dénudent et pulvérisent,
de manière hallucinatoire : Creux, crou, souffle, attise la guerre, la hache, l'épieu !
S'il n'y a pas d'outil, avec les dents, les becs, les nerfs, les serres empoisonnées !
Finira bien la guerre par céder, sous le boutoir des enfoutraces, des morts-vivants qui se trépassent
et des squelettes multifaces.[17] D'où un climat mental de violence, un livre qui relève autant
de la dissonance que de la déchirure, une poésie guerrière sillonnée d'entailles et d'entrailles,
une uvre dont le chant fraternel possède la beauté lumineuse et tragique des combats perdus d'avance.
[1] Noms des cinq poètes d'Expérience Blockhaus :
Bader, Espil, Galdo, Guibert, Manyach.
[2] Extrait «
Le Dernier Blockhaus »
, Nicolas Rozier, préface à Expérience Blockhaus, L'arachnoïde, p 5.
Avant-propos admirable à l'ouvrage Expérience
Blockhaus qui mériterait d'être cité in extenso tant ce texte,
profond et vrai, rend un vibrant hommage à la démarche « collective » de ces cinq poètes, et ce, à travers
une écriture d'une pénétrante harmonie. Merci Nicolas de m'avoir ainsi ouvert la voie avec une telle acuité….
[3] Référence au film de Robert Florey, 1946…. ou
l'histoire fantastique d'une main artistique autonome…et
assassine !
[4] Francis Guibert, p58,
Expérience Blockhaus, L'arachnoïde, 2011
[5] Jean-Pierre Espil, in «
Chiens cramés d'éternel » , p 67, ID.
[6] Lucien-Huno Bader, pp72/73,
in « démesure » , ID.
[7] J-P Espil, pp 78/79, in «
L'enterrement du cerveau » , ID.
[8] F. Guibert, p 26, in «
Fins de cycles » , ID.
[9] José Galdo, p 23, in «
Le néant et l'anéantissement » , ID.
[10] Christian Dufourquet, extraits d'une critique sur
Expérience Blockhaus,
La Quinzaine Littéraire, mars 2012.
[11] L-H Bader, p32, in «
Identité » , Expérience Blockhaus, ID.
[12] L-H Bader, p55, in «
Autodidacte » , ID.
[13] Didier Manyach, p 75, in «
Premières empreintes du chaos » , ID.
[14] Didier Manyach, p 55, ID.
[15] On songe bien entendu ici-même à Antonin Artaud et nous préférons
céder, ici, la parole à Nicolas Rozier (Cf. L'Ecrouloir) : «
…et derrière l'intérieur de
l'ombre des spectres, c'est-à-dire au-devant systématique de tout, Artaud partout comme le nom imprononçable
du deuil de la vie, partout non seulement comme un être qui exige un effort de chef-d'uvre pour être simplement évoqué,
mais comme l'arène de travail où la criblure et la calcination sont dévorées » , Avant-Texte, p 12, ID.
Reprenons également la lecture du poème saisissant de José Galdo, « La Calvairisation des corps » , pp 81/82, ID.
[16] Ce que J-P Espil nomme «
La grâce de La Foudre » , p 40, ID.
[17] J-P Espil, p 78, in «
L' enterrement du cerveau » , ID.